Des origines à la fin du XIXè siècle

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Vue générale de Troyes, d'après une gravure de 1647

 

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Soldat Gaulois

Quelques découvertes à Troyes et aux alentours témoignent d'une occupation importante dès la préhistoire, notamment la présence de nombreuses mégalithes au Nord-Ouest du département. C'est avec les premières migrations celtes qu'une population plus stable va s'installer sur le site de Troyes et de tout le département ; les Tricasses. Ils sont mentionnés au Ie siècle avant J.C. dans les écrits de géographes grecs. De nombreuses fouilles ont ainsi mis en évidence l'existence d'un habitat sur le site de Saint-Nizier, et on a trouvé sur le lieu-dit "La Charme" des objets funéraires, visibles au musée St Loup.

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Village Gaulois

Au premier siècle, la cité celte des Tricasses devient Augustobona, cité gallo-romaine et occupe une situation stratégique ; elle est le point de rencontre de plusieurs voies romaines dont la voie Agrippa qui relie Milan à Boulogne. Les vestiges de cette époque sont nombreux ; des nécropoles (rue des Noës, site de Ste Jules, faubourg St Jacques), des traces d'artisanat (place Langevin, les Halles, quartier Chaillouet) ou encore des restes d'habitation (quartier Chaillouet, site Lafra-Michelet, les Halles) ; les résultats de ces fouilles sont partiellement exposées au musée St Loup et également au milieu de constructions récentes sur le quai des Abattoirs. Très vite Augustabona s'étend et se fortifie, avec la création de portes dont celle de la Girouarde, située rue de la Cité, près de l'actuel Hôtel Dieu.

Cliquer pour agrandir Gallo-Romain


Galliae Antiquae descriptio geographica, par Nicolas Sanson, d'après Ptolémée (IIè s. ap JC), 1642 (c) Gallica, notice n° FRBNF38639425

Cliquer pour agrandir Cliquer pour agrandir Carte de Peutinger, copie de carte antique, actuellement conservée à la bibliothèque nationale d'Autriche.

 

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Soldat Huns

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Attila et ses troupes arrêté par St Loup devant Troyes

Au IIIe siècle, alors que les invasions barbares débutent, la ville est renommée Tricassium, puis au Ve siècle Trecae. A cette époque, Troyes semble prospère, si l'on en croit le trésor trouvé sur le site Chaillouet ; une amphore à huile qui contient 102kg de pièces de monnaie.   Des incendies ravagent la ville au IVe siècle lors des invasions germaniques. Témoin de ses invasions, l'historien romain Ammien Marcellin (332-400) raconte l'approche de l'Empereur Julien aux abords de la ville : « Après avoir pris le repos accoutumé avec sa troupe, il se dirigea sur les Tricasses. Ce mouvement ne s'opéra pas sans qu'on eût à essuyer plus d'une attaque de la part des barbares. D'abord l'aspect de ces masses irrégulières en imposait à Julien sur leur force réelle, et il se contentait de les observer en renforçant sa colonne sur les flancs. Mais parfois aussi, quand il avait l'avantage des hauteurs, il reprenait soudain l'offensive, et culbutait à la course tout ce qui se trouvait devant lui. Il ne fit dans ces engagements de prisonniers qu'en petit nombre, et ce fut la frayeur qui les lui livra. Tout ce qui eut la force de fuir échappa sans peine à la poursuite d'un corps si pesamment armé.
Rassuré par ces premiers succès contre les chances de pareilles rencontres, Julien parvint jusqu'aux Tricasses à travers mille dangers. Sa présence était si peu prévue, et tel était l'effroi qu'inspiraient les partis nombreux qui battaient le pays de toutes parts, que les portes ne s'ouvrirent pour lui qu'après une longue hésitation. Il ne fit halte dans cette ville que le temps de laisser son monde reprendre haleine.
»  
L'évangélisation apporte à Troyes son premier évêché au IVe siècle et c'est l'évêque Saint-Loup qui vers 451 sauve la ville de l'invasion d'Attila, en se livrant comme otage. Il revient à Troyes, y meurt en 479 et est inhumé sur le site de St Martin ès Aires.

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Vitrail de l'Eglise de Chappes (1537)
Saint Loud et Attila aux portes de Troyes


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Baptême de Clovis

A la mort de Clovis, en 511, le Royaume Franc est partagé et Troyes fait partie de l'Austrasie, vaste territoire dirigé par Thierry Ier, fils de Clovis. Il faut attendre la fin du VIe siècle pour la réconciliation entre les trois petits fils de Clovis ; elle a lieu sur la tombe de Saint Loup, à Troyes. En 581, Gallomagne, évêque de Troyes, rapporte de Lyon des reliques de Saint Nizier, à l'origine de l'église du même nom. Les édifices religieux à Troyes se multiplient au VIIe siècle ; les abbayes de Montier la Celle, Notre Dame aux Nonnains, St Quentin, et les églises St Jean et St Denis.  

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Charlemagne

Après la courte existence d'un duché de Champagne dont Troyes, Reims et Chalons font partie, la ville fait partie de la France de Charlemagne. Son évêque Alcuin entreprend des réformes sur la réglementation de la vie religieuse. Au milieu du IXe siècle, la France est de nouveau partagée et Troyes se retrouve dans le domaine dirigé par Charles le Chauve. En 878, le roi Louis le Bègue est couronné à Troyes, en l'église St Jean au Marché. La ville est ravagée par des invasions normandes vers 890 et malgré cela, continue son expansion ; une première cathédrale s'élève, un hôpital St Nicolas est fondé à proximité et on construit à l'extérieur des murailles. C'est à cette époque que se développent les premières activités commerciales.

 


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Guerres seigneuriales Hommage Féodal

     

Cliquer pour agrandir Un seigneur en armes

La ville appartient au duché de Bourgogne au début du Xe siècle, et c'est en 956 qu'elle connaît son premier comte, Robert, le "très glorieux comte de Champagne". Lui succèdent Eudes "le Grand" et Thibault Ier, ce dernier dirigeant la région pendant 52 ans. Les comtes vont permettre l'essor de la ville et, en particulier, des foires de Champagne, qui attireront des marchands de toute l'Europe. La ville continue son expansion, l'église Saint Nizier est construite, les faubourgs s'étendent au nord-est des remparts qui sont, eux aussi, agrandis (porte de Croncels). C'est sous le comte Hugues "le père des pauvres" que Hugues de Payns créé l'ordre des Templiers en 1118.

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Guetteurs au Beffroy

Le Comte Henri Ier "le Libéral" succède à son père Thibaut II "le Grand", et devient gendre du roi Louis VII et d'Aliénor d'Aquitaine en épousant leur fille Marie de France. La première commune de Troyes naît, gérée par des "bourgeois" et un maire (vers 1190). De vastes travaux sont entrepris ; agrandissement des remparts, création de nouveaux canaux et la construction d'un nouveau palais pour les comtes, sur l'actuelle place du Préau. Les églises Ste Madeleine, St Nicolas et St Pantaléon sont construites à cette époque. De nouvelles portes accueillent les marchands européens ; St Jacques et la porte du Beffroy notamment. Le comte et la comtesse permettent un essor artistique nouveau, avec Chrestien de Troyes et autres savants, artistes et théologiens. A la mort d'Henri Ier, Marie devient régente du comté pour 13 années, jusqu'à sa mort en 1198.

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Saint Louis

La comtesse Blanche, épouse de Thibaut III mort en 1201, assure la régence jusqu'à la majorité de son fils Thibaut IV, en 1222. Ce comte, chansonnier, poète et musicien, finit de bâtir les remparts qui donnent à Troyes sa forme définitive de bouchon de champagne et protègent la ville contre les ennemis que ses erreurs politiques attirent au jeune comte. C'est aussi à cette époque que la cathédrale est reconstruite, après l'incendie de 1188, pour ressembler à l'édifice que l'on connaît aujourd'hui. Des réformes modifient la gestion de la ville, qui est partiellement déléguée à treize "jurés", et les impôts qui deviennent moins arbitraires.

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La Mort de Saint Louis près de Tunis


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Soldat sous Philippe le Bel

Après les courts règnes de Thibaut V, mort en croisade, et d'Henri III son frère, c'est de nouveau une femme qui gère les affaires du Comté, Blanche d'Artois. C'est par le mariage de sa fille Jeanne avec le futur roi Philippe le Bel que la Champagne se trouve finalement réunie au royaume de France. Les 4 premières décennies du XIVe siècle ne voient pas moins de cinq rois se succéder au trône de France et les libertés des habitants de la ville de Troyes, octroyées à l'époque des comtes, sont progressivement réduites, pour intégrer totalement la ville au royaume.

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Les bûchers des Templiers sous Philippe Le Bel


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Archers

Dès le début de la guerre de Cent Ans, la ville fortifie ses remparts et se prépare à accueillir les Anglais ; des pieux de bois pointus d'abord, des murs de pierre ensuite. Les impôts et charges se multiplient pour armer la ville. En 1359, les Troyens libèrent Aix-en-Othe, Beaufort, Pont sur Seine des Anglais et des Navarrais, menés par un jeune évêque-soldat, Henri de Poitiers. La ville finit le siècle très appauvrie par les dépenses de guerre ; des émeutes éclatent même en 1381 contre les notables.

Aux hostilités franco-anglaises vient s'ajouter une nouvelle lutte : elle oppose Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, au roi Charles VI "le Fol" qui ne tarde pas à céder sa couronne. Le roi Henri V d'Angleterre profite de ces querelles intérieures pour faire avancer son armée. En 1420, le traité de Troyes, que Charles VI et Henri V jurent de respecter, est signé dans la cathédrale de Troyes. Ce traité désigne Henri V comme héritier légitime de la couronne de France, au dépens du dauphin Charles VII.

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Sceau d'Isabeau de Bavière, 1409,  Document conservé au Centre historique des Archives nationales à Paris, Cote   SC/B4  (c) ARCHIM

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Jeanne d'Arc à l'assaut

Ce dernier se déclare malgré tout roi de France en 1422 et le 23 février 1429 est rejoint par Jeanne d'Arc. En juillet 1429, leurs troupes atteignent les remparts de Troyes ; Jeanne brandit son étendard et dirige sous les yeux effrayés des Troyens les préparatifs de l'assaut. La ville se rend finalement avant la bataille ; Jeanne et Charles VII entrent dans la ville le 10 juillet, et vont entendre la messe à la cathédrale.

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Louis XI

Les hostilités avec les Bourguignons placent la ville en état de guerre jusqu'au traité d'Arras en 1435, date à laquelle Troyes reprend ses activités marchandes, forte de nouveaux privilèges et droits octroyés par le roi Charles VII, en remerciement pour la reddition sans combat de la ville. Dès l'avènement de Louis XI en 1461, ce dernier revient vite sur ces privilèges et renforce le contrôle de la couronne sur la ville jusqu'à la fin de son règne en 1483. Cette même année, Jean de Marisy devient le premier maire de la ville.

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François 1er fait Chevalier par Bayard

La paix des premières années du XVIè siècle permet à Troyes de retrouver un peu de sa prospérité ; commerce et artisanat se développent (textile, tannerie, papeterie), les fortifications sont remises en état.  On compte maintenant trois médecins pour soigner une population grandissante qui fait de la ville la cinquième du royaume sous le règne de François Ier.

Les foires elles aussi se multiplient ; à celles de janvier et d'août s'ajoutent en 1510 et 1521 celles de mai et d'octobre. Les arts ne sont pas oubliés dans cette "renaissance" de la ville et c'est la grande époque de l'école de sculpture champenoise. Le 24 mai 1524, un gigantesque incendie détruit 1500 habitations dans le quartier du Beffroi et de Croncels. C'est l'occasion pour la ville d'adopter un urbanisme plus moderne avec des rues plus alignées et moins étroites. La rapidité avec laquelle on reconstruit certains quartiers témoigne de la prospérité relative de la ville à l'époque de l'incendie ; (...) La cité est garnie sans diffames / De pain, et vin, et de bonne eau qui stille / Riches marchans font qu'elle est moult utille / La sont jardins, prez, boys, foretz, garnies / Et ce qui'il fault a villes bien munies / Ceste cité en partie est bruslee / Mais en brief temps à esté reparee (...) - Louenge et description de la noble ville de Troys en Champaigne, par Pierre Grosnet (1460-1540). Cette prospérité ne dure pas toutefois et Troyes comme le reste de la France de la première moitié du XVIè siècle paie d'un lourd tribu les frasques guerrières de François 1er.


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Massacre de protestants

C'est aussi l'époque où la Réforme fait ses premiers adeptes à Troyes. Rapidement, des emprisonnements et des exécutions ont lieu et les calvinistes Troyens s'exilent en Suisse où leur sécurité est assurée. Finalement, en 1558, sur ordre d'Henri II, le premier pasteur protestant Girard de Corlieu prend ses fonctions à Troyes. L'évêque de Troyes va jusqu'à se faire élire par les membres de l'Eglise réformée. Le maire met fin à cette situation unique en France et Marie de Médicis elle même intervient pour désavouer cet évêque aux idées trop larges...
L'année 1562 voit à Troyes comme ailleurs s'installer les premiers affrontements entre Catholiques et Protestants, et ces derniers décident soit de s'exiler, soit de s'organiser en véritables bataillons. En août 1572, le massacre de la St Barthélémy fait quarante cinq victimes à Troyes, lors d'un terrible bain de sang organisé par le gouverneur de Champagne dans la Prison de la Tour. Henri IV devenu Catholique en 1593 et l'Edit de Nantes en 1598 mettront fin à ses affrontements meurtriers qui laissent la ville de Troyes endettée et pauvre à l'aube du XVIIè siècle. Seule fête en cette fin de siècle, la visite Royale d'Henri IV, immortalisée par Linard Gonthier dans ses fameux vitraux de l'Arquebuse.

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La première moitié du XVIIè siècle est morose pour les Troyens. Les famines s'y succèdent et avec elles des émeutes parfois violentes. Le pouvoir royal affaibli pendant la régence de Marie de Médicis et les frondes répétées des Princes du Royaume affaiblissent encore les ressources et la vie économique de la ville. Malgré les Etats Généraux de 1614, le bien être du peuple passe bien après les conflits internes du pouvoir. Le roi Louis XIII passe quelques temps à Troyes avec sa cour en 1629 puis 1630, entraînant des frais de réception bien au delà des moyens de la ville.

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Louis XIV à Versailles

Après l'arrivée au pouvoir de Louis XIV en 1661, Troyes entame un lent retour vers sa prospérité passée. Les industries connaissent un certain renouveau ; la papeterie et l'édition, avec notamment les livrets bleus ou bibliothèque bleue, ancêtres des livres de poche, et aussi celle des drapiers, grâce à une technique de blanchiment des toiles qui fera la renommée de la production des "blancheries" Troyennes dans tout le royaume. Malheureusement, les guerres de Flandres, de Hollande ou encore d'Espagne interrompent cet élan de reprise économique, et appauvrissent encore un peu plus la ville, littéralement ruinée par les impôts qui l'accablent en ces temps de guerre. Deux récits de voyageurs nous renseignent sur la physionomie de la ville au XVIIè siècle : celui de Jean Gaspard Dolfuss en 1663 et celui de Lazare La Salle de l'Hermine, en 1681.

Au début du XVIIIè siècle, l'activité économique renaît progressivement de ces cendres, se concentrant principalement autour de l'activité textile. Les ateliers de fileuses de coton et les métiers à tisser se multiplient dans la ville. dés 1746, le premier métier mécanique de bonnetier est installé dans l'actuel Hôtel Mauroy, annonçant la nouvelle industrie qui fera prospérer la ville au siècle suivant. Ce regain d'activité voit la population troyenne augmenter, et la prospérité regagne peu à peu les rues de la ville. A la veille de la Révolution, hormis quelques mauvaises récoltes, Troyes semble avoir retrouvé une certaine place dans le royaume.


Pourtant, les années 1787-88 voient s'abattre sur Troyes de nouveaux fléaux : les traités de libre échange avec l'Angleterre mettent au chômages de nombreux ouvriers des ateliers textiles troyens. De plus, les récoltes de 1788 sont très pauvres, et le prix du pain augmente pour une population déjà fortement appauvrie. Emeutes et grèves suivent l'annonce de la prise de la Bastille à Paris, et la police procède à l'exécution des meneurs. Au printemps 1789, les Troyens élisent leurs députés des Etats Généraux, parmi lesquels un Camusat au Tiers Etat et un Mesgrigny pour la Noblesse. Un comité révolutionnaire se forme le 28 août 1789, et remplace bientôt la municipalité.

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Le peuple à Versailles

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Un comité révolutionnaire

Le maire de l'époque, Claude Huez, sera massacré par la population suite à des rumeurs de farine empoisonnée, le 9 septembre 1789.  Ce drame marque fortement les esprits, et les premières semaines de la révolution à Troyes seront relativement calmes.  L'église subit les premières "persécutions" ; tous ses biens sont déclarés biens nationaux dés novembre 1789, et trois églises sont privées de culte : Saint Frobert, Saint Denis et Saint Jacques. La cathédrale est rebaptisée "Temple de la Raison" et fait désormais face à la Guillotine, installée sur son parvis. L'ancien curé de Saint Aventin est décapité par la foule en 1792 pour avoir refusé de crier "vive la Nation".

La vie économique est désastreuse, et les guerres aux frontières de l'Est et contre l'Angleterre appauvrissent les marchés et paralysent l'activité de l'industrie textile à qui manquent les matières premières anglaises. A partir de 1796, les destructions vont bon train ; les églises Saint Denis, Saint Jacques, Saint Etienne, et Saint Loup, le Palais des Comtes...


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Les trois Consuls
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Les soldats des coalisés
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La bataille du Pont d'Arcis

L'arrivée au pouvoir de Napoléon d'abord comme premier Consul en 1799 puis comme Empereur en 1804 marque l'histoire de la ville, qui accueille plusieurs fois l'ancien pensionnaire de Brienne. Lors d'une de ses visites, il se souvient de ses nuits passées dans un vieil Hôtel place St Pierre, infesté par les punaises, et exprime son souhait de voir détruites toutes les maisons à pan de bois de la ville !... Il est à l'origine de la création du bassin près de la Préfecture, et du canal de la Haute Seine. La vie à Troyes durant la pèriode Napoléonienne est surtout marquée par la misère engendrée par les coûts des campagnes de l'Empereur. La ville accueille bientôt les têtes couronnées des pays coalisées ; le Tsar, l'Empereur d'Autriche et le Roi de Prusse s'y installent en effet en février 1814, brièvement chassés par le retour inattendu en ville de l'Empereur. Il faut attendre la fin de l'année suivante pour que les Troyens voient le départ définitif des occupants. Deux descriptions de la ville au début de ce XIXè siècle donnent une idée à la fois de la renommée de la ville et de sa déchéance ; celles de Jean Baptiste Moreau et de Georges Bernard Depping.

La nouvelle organisation administrative du pays s'est mise en place à Troyes : l'abbaye Notre Dame aux Nonnains est devenu Préfecture, et le Conseil Général, installé sous la Révolution dans l'Hôtel Marisy, y loge dés 1794 ; le couvent des Jacobins accueille bientôt les archives Départementales ; la bibliothèque municipale, elle, occupe dés 1803 une partie de l'abbaye Saint Loup, et conserve des collections uniques issues des confiscations révolutionnaires des abbayes des alentours. Le règne de Louis XVIII n'affecte pas véritablement la ville, qui passe les premières années de la Restauration à se remettre, péniblement, des années de guerre et des récoltes très pauvres.


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Révolution de 1830

La révolution de 1830 touche peu les Troyens, qui se félicitent toutefois des libertés retrouvées avec l'arrivée au trône de Louis Philippe. C'est à cette époque que naît véritablement l'industrie qui assurera la prospérité de la ville pour plus d'un siècle ; la bonneterie. Les filatures de coton d'abord se multiplient en ville, puis avec l'arrivée de nouvelles machines à vapeur en 1840, les premières usines de bonneterie s'installent. Cette nouvelle industrie emploie enfants et adultes avec des conditions de travail particulièrement difficiles (voir le témoignage édifiant de Georges Bernard Depping), mais assure surtout des revenus à une partie croissante de la population de la ville. En 1848, la première ligne de chemin de fer est inaugurée à Troyes, et sa gare installée dans l'actuel Espace Argence.
La proclamation de la République en février 1848 suscite des manifestations de joie dans la ville ; la liberté regagnée de la presse, le suffrage universel n'empêche pas toutefois quelques manifestations dans une situation économique toujours difficile. un défilé de réconciliation a même lieu en ville, qui réunit ouvriers et gardes nationaux. L'élection de Louis Napoléon Bonaparte est bien accueillie par les Troyens, qui l'ont littéralement plébiscité ; lors de son séjour à Troyes, les cris de "Vive la République" se mêlent même à ceux, plus inattendus, de "Vive l'Empereur"...

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Proclamation de la République, 1848

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Napoléon III

Son coup d'Etat le 2 décembre 1851 et son accession au trône d'Empereur un an plus tard émeuvent bien peu de Troyens, malgré le nouveau recul des libertés individuelles et de presse. Tout au long du second Empire, l'actualité marquante à Troyes réside principalement dans la révolution de l'industrie textile ; la mécanisation des métiers et l'implantation de nombreuses usines dans les faubourgs transforment le visage économique et urbain de la ville. L'exposition de Troyes en 1860 est la vitrine de ces progrès techniques. L'épopée Napoléonienne se termine une fois encore par l'occupation de la ville par les Prussiens de novembre 1870 à août 1871.

A la fin du XIXè siècle, la ville de Troyes est déjà bien différente de la cité médiévale qu'elle était ; les remparts sont détruits à partir des années 1830, et de nombreux édifices disparaissent ; le couvent des Jacobins, l'église Saint Aventin, la chapelle et la bibliothèque des Cordeliers, l'Hôtel Dieu Saint Esprit... Certaines rues sont alignées, des quartiers assainis, et bientôt, les cheminées des usines de bonneterie remplacent les "cent clochers" qui rendirent la ville célèbre autrefois...

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Un certain nombre d'informations contenues dans cette page ont été trouvées dans les ouvrages cités en page "Ressources" ;  "Histoire de Troyes", aux éditions de la Maison du Boulanger, "Histoire Populaire de Troyes", aux éditions du Bastion, et des   articles tirés de la revue "La vie en Champagne". Je renvoie donc à ces documents pour des données complètes sur l'histoire de la ville. Les illustrations sont tirées des ouvrages suivants ; "Histoire de France", Désiré Blanchet, 1894, Ed. Belin Frères, "Histoire de France", Ernest Lavisse, 1921, Armand Colin, "Histoire Populaire de France", Nouvelle bibliothèque des auteurs réunis, Paris 188?  & "Histoire du Moyen Age", Désiré Blanchet, 1911, Ed. Belin Frères.

 

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